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BELGIUM
Discourse
du
Guy Verhofstadt
Primier Ministre
au
Sommet Mondial sur le Developpement Durable
Johannesbourg,Afrique du Sud
le 2 Septembre 2002
.
Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs,
En premier lieu, je veux dire notre reconnaissance et notre admiration au Président Mbeki et à travers lui, saluer tout le peuple sud-africain.
Je veux également saluer le rôle décisif que joue le Secrétaire général Kofi Annan. Par ses avis, ses démarches, ses mises en garde il représente un levier puissant au service de toutes les victimes de l'indifférence, des conflits, des inégalités, des intolérances.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
En moins d'un an, nous nous sommes penchés pas moins de quatre fois sur les défis du monde: à Doha, à Monterrey, à Rome et maintenant à Johannesbourg. L'éradication de la pauvreté, la réduction de la dette, la libéralisation du commerce international comme facteur de développement sont les questions qui furent débattues de manière soutenue.
La convergence est très forte entre nous sur tous ces sujets. Nous faisons tous le même constat. Nous décelons tous les mêmes causes. Et j'en suis sûr, nous connaissons tous les réponses et les solutions à mettre en oeuvre. Dans cette convergence, il devrait être facile de mettre un terme aux inégalités. Il devrait être facile d'harmoniser un monde qui depuis trop longtemps est coupé en deux, un monde qui génère tensions et frustrations.
Je le répète. Ce ne sont pas les analyses qui manquent. Ce ne sont pas les solutions qui font défaut. Ce qui fait défaut; c'est la volonté politique commune de les appliquer. Ce qui fait défaut ; c'est d'oser la vraie solidarité. Une solidarité qui se traduit par un accès aux outils financiers. En effet, comment ne pas saisir que sans une remise beaucoup plus substantielle de la dette des pays les plus pauvres, il leur sera impossible de sortir de leur sous-développement. De la même manière, sans un accès accru à nos marchés, nous les privons des fruits de la croissance. De même, sans un accès à nos technologies, ils resteront exclus de toute opportunité de participer au progrès. Et de même, si nous ne commençons pas à supprimer les subsides à nos exportations, nous continuerons à leur interdire l'accès à leurs propres marchés. Il ne peut pas, il ne peut plus s'agir d'un partage superficiel, à la marge de notre opulence. Il nous faut une conception plus élevée de la coopération. Une coopération qui puiserait son inspiration non pas dans le paternalisme mais dans le partenariat et le respect mutuel.
Monsieur le Président,
Les dernières nouvelles à ce sujet ne sont pas très encourageantes. L'accord qui a été conclu ce matin en matière de commerce et de financement reste, je le crois, en deçà des attentes légitimes des pays en développement. Je prends acte de l'accord intervenu, mais je tiens à affirmer que, pour ma part, il faut aller plus loin. Nous aurons l'occasion de le faire dans la déclaration politique que nous adopterons après-demain. Je vous encourage, Monsieur le Président, de nous proposer une déclaration beaucoup plus forte, ambitieuse, généreuse que le Plan d'Action qui est devant nous. J'ai entendu à cette tribune au moins cinq des mes collègues européens et nord-américains plaider pour la suppression des subsides à l'exportation. Et bien, mettons-le dans la déclaration. Qu'attendonsnous pour l'écrire noir sur blanc dans la déclaration politique plutôt que des phrases vagues qui n'engagent à rien comme dans le plan d'action?
La grave crise alimentaire à laquelle doivent faire face en ce moment même de nombreux pays d'Afrique australe nous rappelle une fois de plus que la mondialisation de l'économie appelle à la mondialisation de la solidarité. De même, le fléau du SIDA appelle une mobilisation générale, à la fois du secteur public et privé. Jusqu'à présent, cette mobilisation fait défaut, en Europe, en Afrique et dans le reste du monde.
Le monde a besoin d'une organisation politique plus forte et plus équilibrée pour « humaniser » la mondialisation. Nous devons nous engager sur le plan éthique, social, écologique et donc politique. Cette volonté politique sera crédible et efficace le jour où on conférera aux continents un poids et un pouvoir plus égal dans le processus décisionnel. J'ai déjà plaidé à plusieurs reprises pour un G8 ou un G10 pas des pays riches mais pour un G8 ou un G10 de groupes continentaux réunissant les structures régionales existantes comme l'Union européenne, les organisations de libre échange nord-américaine et sudaméricaine, l'ANASE, la Ligue arabe, l'Union africaine.
Monsieur le Président,
Cette conférence est aussi appelée à faire le bilan des progrès accomplis depuis le sommet de Rio. Et ceux-ci sont nettement insuffisants. Nous avons tous constaté récemment, en Europe, en Asie, en Amérique, que le changement du climat est une réalité et pas la prédiction de l'un ou l'autre excentrique. Il est grand temps que tous, je le répète tous, ratifient le protocole de Kyoto et commencent à le mettre en oeuvre effectivement.
Dans la même perspectives, nous devons proposer des voies concrètes de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Notamment par des emplois décents et le respect des normes fondamentales du travail.
Monsieur le Président,
Nous ne sommes pas ici pour spéculer, chacun dans notre coin, sur la meilleure manière d'échapper à ce qui doit être fait. Encore une fois, Monsieur le Président, ne quittons pas ce sommet sur un engagement équivoque. Car alors le seul résultat serait de précipiter les pauvres dans le scepticisme et dans le désarroi. Et en même temps, cela nourrirait le mépris de ces jeunes que nous avons entendu au début de nos travaux.